L'histoire d'un village

Avant d’être le paisible village qu’il est aujourd’hui, St Joseph de Rivière n’était, au XVIIème siècle qu’un hameau sur la route qui menait de Voiron au monastère de la grande Chartreuse. Il s’appelait alors les Nemos et avait été dévasté par la peste en 1591 qui ne laissa aucun survivant, d’où son nom qui signifie “personne” en latin et qui deviendra l’actuel quartier des Nesmes.

L’histoire de la commune proprement dite commence vers 1830, lorsque des paroissiens des hameaux de Rivière, des Nesmes, des Demays, de la Bourderie, etc, lassés de ne pouvoir assister aux offices du dimanche à l’église de Saint Laurent du Pont, à cause des mauvaises conditions climatiques hivernales, décident de demander la construction d’une église au hameau de Rivière.

N’oublions pas, qu’à cette date, les déplacements s’effectuaient le plus souvent à pied dans cet habitat dispersé, et que la population avait alors grimpé à quelque 1400 âmes!

C’est finalement le 14 juillet 1836, que par ordonnance royale signée par Louis Philippe, Saint Joseph de Rivière est érigée en commune particulière.

La vie du village et des ses hameaux s’organise autour de la mairie et de l’église, à cette époque, les deux ne sont pas séparées.

L’artisanat et même l’industrie profitent des ressources naturelles que sont le bois, le charbon, la tourbe, l’argile et les produits agricoles tel le chanvre, l’osier et la “bauche”*.

Les cultures potagères permettent à nombres de villageois de subsister et les vergers, de constituer des réserves en fruits que l’on peut faire macérer en attendant le passage de l’alambic ambulant, toutes les années en automne afin de distiller la “gnole” de pays.

*Terme patois qui désigne une plante herbacée poussant dans les marais et que l’on fait sécher pour rempailler les chaises

 

 
07

Les minoteries, tourbières, tuileries, scieries, tourneries utilisent l’hydraulique des torrents ainsi que la main d’œuvre locale, en apportant un complément de revenu alternatif aux travaux des champs. Le travail artisanal est également très présent, on trouve alors un maréchal ferrant, un charron, un vannier, un tailleur, un cordonnier, un imprimeur, des gantiers, etc. Le commerce n’est pas en reste, outre la foire du village créée dans les années 1850, on trouve aussi des boutiques de boulangerie, boucherie, épicerie, modiste, bureau de tabac, auberge, restaurant et, bien sur, plusieurs cafés, lieux de rencontre incontournables…

3
4

Les voituriers sont le trait d’union à tous ces métiers, indispensables qu’ils sont pour le transport des marchandises. Notamment pour le bois, matière première incontournable, il est utilisé pour le chauffage mais aussi par les scieries, la charpente, la menuiserie, les cannes, les tourneries et peut même servir de monnaie d’échange!

Ils verront leur activité péricliter par la suite avec la construction du VSB, la ligne de chemin de fer Voiron – St Béron et sa gare, qui les concurrencera dès la fin du XIX ème siècle, le tonnage transportable étant nettement supérieur sur les wagons malgré la puissance limitée des locomotives métriques.

017

La terrible guerre de 1914-18 laisse des cicatrices profondes dans la vie du village, nombres de ses enfants tombés sont inscrits sur le monuments qui se dresse devant l’église depuis 1922. L’activité de la commune s’en ressent, mais la main d’œuvre en provenance de Lombardie et du Piedmont, fuyant le régime Musolinien vient grossir les rangs des bucherons et maçons. L’industrie du bois est alors à son apogée avec l’arrivée de l’électricité qui vient remplacer l’hydraulique. C’est durant cette période que l’éclairage public électrique fait son apparition et que le plus grand nombre de fontaines, de bassins et de lavoirs sont construits; ce mouvement n’est stoppé qu’après la mise en place du réseau d’eau domestique à partir de 1948. Les voituriers tiennent leur revanche, leur conversion à l’automobile et le glissement de leur activité vers le transport de voyageurs sonnent le glas du VSB en 1937. La compagnie des cars du Guiers propose des trajets à prix modérés, le commerce local deviens moins attractif au bénéfice du marché de Saint Laurent du Pont mais surtout de Voiron et de ses halles couvertes.

Puis c’est le retour tant redouté de l’obscurité. Durant les hostilités de la seconde guerre mondiale, les troupes de la Wehrmacht arrêtées par l’armée des Alpes dans la cluse de Voreppe, décident de prendre à revers les batteries française du site de l’oratoire au pied du col de la Placette. Elles prennent pied à St Julien de Ratz et repoussent deux auto blindées françaises dont un soldat sera tué dans l’affrontement. Les véhicules s’étant repliés et cachés sous les platanes à l’entrée sud du village, ils sont repérés et bombardés par les batteries allemandes. La maison Bellet est touchée et le champ attenant constellé de cratères d’obus. Il n’y aura heureusement aucune victime, dés le lendemain, le cessez le feu du 25 juin 1940 est proclamé.

Plus tard, en décembre 1945, l’église perdra sa flèche, mais le coupable n’est autre qu’une violente bourrasque.

6

La reconstruction d’après guerre est difficile, le baby boom des années 1950 n’aura pas l’effet escompté, les activités industrielles devenues moins rentables du fait du développement du transport routier, cessent petit à petit. La tuilerie Jay- Barral voit sa dernière fournée s’achever en 1947 et l’usine de soierie est la dernière à fermer en 1970.  Les petites exploitation agricoles sont abandonnées, seules les plus importantes gardent leurs activités prospères grâce à la généralisation des machines agricoles qu’elles peuvent acquérir. La population décline jusqu’à descendre en dessous de 450 habitants dans les années 1960, l’école maternelle est menacée de fermeture, l’exode rural a laissé son empreinte.

020

Mais peu à peu le village se transforme : les villes, qui avaient éloigné les villageois en les attirants avec les commodités urbaines et la promesse d’un travail moins pénible et plus rémunérateur que les travaux des champs, envoient vers St Joseph de Rivière tous ceux qui recherchent un cadre et une qualité de vie qui manque terriblement au grandes agglomérations du bassin Grenoblois ainsi qu’à Chambery et même Voiron. 

Les constructions de villas, de lotissement et de maisons individuelles fleurissent autour du bourg et dans les différents hameaux. L’église retrouve sa flèche et un nouveau groupe scolaire est construit; la mairie déménage sur l’ancien site de l’usine de tissage rénové durant les années 1990..

DSCN0703

Aujourd’hui, Saint Joseph de Rivière est un village moderne, pas seulement résidentiel, mais actif dans son écrin de verdure, fort de plus de 1200 habitants, il a gardé le charme de son cœur historique et une grande partie de son patrimoine.

“Ce n’est qu’avec le passé qu’on fait l’avenir” (Anatole France).